La première mission lunaire israélienne effectuera des mesures scientifiques

11.02.2019

La phase d'atterrissage de 15 minutes du vaisseau lunaire israélien « Beréchite » sera cruciale pour la mesure du champ magnétique lunaire

Après des préparatifs ayant duré près de dix ans, la mission lunaire israélienne « Beréchite » (Genèse) va bientôt s'envoler à destination de la surface rocheuse de la Lune. Le Pr. Oded Aharonson, du Département des sciences de la terre et des planètes de l'Institut Weizmann des Sciences, est à la tête de cette équipe scientifique internationale. Il surveillera de près la phase d'approche de la lune et mettra en route la partie scientifique de la mission, qui débutera bien avant que l'engin ne touche la surface de la Lune.

La planification et la construction du satellite ont coûté 100 millions de dollars, financés pour la plus grande partie par des donateurs privés menés par le président de SpaceIL, le philanthrope Morris Kahn.

Si le vaisseau Beréchite se pose avec succès sur la Lune, Israël sera seulement le quatrième pays à y être parvenu, rejoignant en cela les États-Unis, l’ex-Union soviétique et la Chine. L'engin spatial sera lancé sur une fusée Falcon 9 de SpaceX depuis Cap Canaveral, en Floride, et, après avoir orbité plusieurs fois autour de la Terre, arrivera à destination deux mois plus tard.

Bien que cet alunissage constitue un exploit historique pour Israël, le projet est le fruit de l'initiative indépendante des trois fondateurs de SpaceIL qui visaient deux objectifs principaux : premièrement, poser le premier véhicule spatial israélien sur la Lune et, deuxièmement, intéresser une nouvelle génération à l'étude des sciences et des technologies. Ce sont ces trois personnes, Yariv Bash, Kfir Damari et Yonatan Winetraub, qui avaient fait entrer Israël dans la compétition Google Lunar X Prize. Bien que cette compétition ait été officiellement cloturée en mars 2018, sans que soient désignés des vainqueurs, SpaceIL a annoncé qu'il poursuivrait ses efforts en vue d'atteindre son objectif d'atterrissage sur la Lune.

Depuis la création de SpaceIL en 2011, le projet d'atterrissage lunaire est devenue une cause nationale et a bénéficié du soutien de tous. Israel Aircraft Industries est partenaire à part entière du projet depuis le début. Les autres contributeurs sont essentiellement des entreprises gouvernementales et des universités, ainsi que des donateurs privés. Parmi les premiers figurent principalement l’Institut Weizmann des sciences, l’Agence spatiale israélienne, le Ministère israélien des sciences, Bezek Communications et d'autres encore. Parmi les donateurs privés on compte Dr Miri et Sheldon Adelson, Sylvan Adams, Sammy Segol, Lynn Schusterman et Stephen Grand.

Les instruments scientifiques à bord du vaisseau spatial commenceront à effectuer des mesures même avant l'atterrissage. Aharonson, qui dirige l'aspect scientifique du projet, explique que « l'objectif scientifique principal sera de mesurer le champ magnétique de la Lune. Cela nous aidera à comprendre quelle en est la source ».  La Lune a aujourd'hui un noyau de fer semblable à celui de la Terre, mais il est petit et froid. Ce noyau ne génère pas un champ magnétique global comme celui de la terre mais, en surface, différentes zones ou roches sont magnétiques à des degrés divers. « Si nous parvenons à  mesurer le magnétisme de ces roches, nous pourrons commencer à comprendre comment et quand ce magnétisme s'est formé. »

Selon une théorie largement admise, le noyau de fer de la Lune était autrefois plus chaud et plus convectif, créant une dynamo qui a magnétisé les roches de la Lune. Les instruments du module d'atterrissage mesureront donc les champs magnétiques d'anciennes roches volcaniques (semblables au basalte sur Terre) pour voir si leur intensité correspond à ce que suggère la théorie du noyau-dynamo. Entre autres choses, de telles mesures pourraient permettre de cerner à quelle époque la dynamo était active et révéler depuis combien de temps elle a disparu.

D'autres mesures – effectuées par exemple sur des roches dans des cratères lunaires – pourraient révéler différentes sources de magnétisation, prouvant éventuellement qu'au moins une partie du champ magnétique de la Lune est due au bombardement d'astéroïdes, voire à des matériaux magnétiques provenant des astéroïdes eux-mêmes.

Aharonson explique que l'instrument sera d'abord calibré en mesurant le champ magnétique du vaisseau spatial lui-même durant son voyage vers la Lune. Une fois en orbite autour de la Lune, l’instrument sera déjà capable de détecter le champ lunaire. Les 15 courtes minutes de la descente de l'engin jusqu'à la surface de la Lune seront critiques. À mesure qu’il se rapprochera de la surface, l'intensité de champ magnétique détectée augmentera ; la mesure de cette augmentation, ainsi que des changements enregistrés lors du survol de différentes zones, seront cruciaux pour en comprendre la source.

En tant que chef de l'équipe scientifique internationale de SpaceIL, Aharonson a participé au choix du site d'atterrissage – un site qui rendra possible les communications et assurera la sécurité de la mission, permettant à l'engin d'atterrir en douceur dans un lieu propice aux expériences scientifiques.

Le vaisseau spatial Beréchite transportera également un assemblage spécial de miroirs fourni par la NASA et destiné à réfléchir un faisceau de lumière laser dans la direction précise de sa source. Dans ce cas, la source sera un orbiteur lunaire de la NASA (LRO) et cela permettra à l’équipe de localiser la position de la sonde Beréchite sur la surface de la lune.

La recherche du Pr. Oded Aharonson bénéficie du soutien du Helen Kimmel Center for Planetary Science, qu'il dirige, du Minerva Center for Life under Extreme Planetary Conditions, du Zuckerman STEM Leadership Program et de la Adolf and Mary Mil Foundation.

 

L’Institut Weizmann des Sciences à Rehovot, en Israël, est l'un des plus importants établissements de recherche multidisciplinaires au monde. Réputé pour sa recherche dans de nombreux domaines des sciences naturelles et des sciences exactes, l'Institut abrite des scientifiques, des étudiants, des techniciens et du personnel auxiliaire. Les recherches menées par l'institut portent sur de nouvelles formes de lutte contre la maladie et la faim, sur des questions majeures en mathématiques et en informatique, sur la physique de la matière et les mystères de l'univers, sur la création de nouveaux matériaux et sur le développement de nouvelles stratégies de protection de l'environnement.

 

Les communiqués de presse de l'Institut Weizmann sont publiés sur Internet à l'adresse

http://wis-wander.weizmann.ac.il/

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